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Une approche durable de la joaillerie

Par Claire Pasquier. La Liberté.

A la reprise de l’affaire familiale, Emily Lam Clément et son mari Dung Lam savaient qu’ils voulaient faire les choses à leur manière. A la tête de la bijouterie La Marquise Clément, à Bulle, la troisième génération de bijoutiers a choisi un chemin en adéquation avec ses valeurs. «J’avais la boule au ventre de me dire que j’allais travailler dans la joaillerie, un milieu connu pour le travail des enfants. Ou participer à l’extraction d’or et de pierres précieuses, un processus extrêmement polluant», confie Emily Lam Clément.

Dès 2017 et le décès de Didier Clément, sa fille et son époux font le pas de ne proposer que de l’or, du platine et de l’argent recyclés en Suisse pour les créations de la bijouterie. «L’or se recycle et se réaffine à l’infini. Il conserve toujours la même pureté.» Grâce à ce processus, la production d’or recyclé consomme 300 fois moins de CO2 que lorsqu’il est extrait. «C’est sans compter les déjections de produits chimiques dans les rivières qui alimentent des populations, ni la déforestation», pointe encore Emily Lam Clément.

Pierres synthétiques

Souhaitant en faire davantage, le couple, qui s’est formé en gemmologie à Bangkok, a lancé il y a un an sa propre marque de bijoux, Unique Eden. Processus présenté comme unique en Suisse, les créations sont réalisées à partir d’or recyclé et de pierres cultivées en laboratoire. Ces pierres synthétiques sont créées en imitant les conditions naturelles. «Les pierres sont comme un champignon de Paris. Pour un diamant, par exemple, c’est du carbone qui est mis sous une certaine pression et une certaine chaleur.» Les pierres de couleurs, les saphirs et les spinelles, proviennent d’un laboratoire suisse tandis que les diamants sont élaborés en Belgique et aux Etats-Unis notamment.

Si les pierres naturelles de grande taille sont précieuses parce que rares, il n’existe pas de différence qualitative. Cependant, pour dénicher un carat, soit 0,2 gramme de diamant, quelque 250 tonnes de terre doivent être remuées, selon la patronne. «Cela ne fait plus sens de creuser des trous d’un kilomètre de diamètre pour chercher des pierres qu’on peut fabriquer autrement», abonde Dung Lam.

Une nouvelle clientèle

Lancée il y a tout juste un an en plein semi-confinement, la marque a rapidement su se faire une place. «On a réussi à toucher une nouvelle clientèle. Il faut dire que la sensibilité des consommateurs a évolué dans tous les domaines. On confectionne des alliances pour des personnes venant de toute la Suisse», se réjouit celui qui est économiste de formation. Le prix des bijoux peut même se révéler moins élevé que dans la joaillerie traditionnelle. Tandis que le coût du travail de création est identique, les diamants synthétiques sont 30% moins chers que les pierres issues des mines. «Puisqu’on a le choix de proposer un produit plus éthique, plus écologique et moins cher, pourquoi ne pas le faire?» soulève Dung Lam.

Leurs bijoux se combinent au gré des envies: les bagues se superposent tandis que les boucles d’oreilles peuvent être agrémentées de contours d’oreille. «La ligne est basique et indémodable. Le but est de les transmettre de génération en génération, de proposer une certaine durabilité», présente la psychothérapeute reconvertie. Tout un chacun peut ainsi vendre son or à la bijouterie ou demander d’en faire une création. Et lui donner une deuxième vie. «Ce qu’on adore faire, c’est la transformation de bijoux», glisse Emilie Lam Clément qui dessine les croquis avant de laisser le soin à ses bijoutiers de confectionner les commandes.

Si La Marquise Clément propose encore quelques marques dont l’or est nouvellement extrait, elle n’achète que de «l’or vert», soumis à des certifications strictes pour une extraction propre. A moyen terme cependant, la bijouterie souhaiterait ne vendre que de l’or recyclé et des pierres cultivées en laboratoire. Une petite révolution pour l’entreprise fondée il y a 48 ans. «Nous respectons ce qui a été fait avant, car c’était la seule voie. Je suis admirative de ce que mes parents ont construit. Mais désormais nous disposons de davantage d’informations», souffle Emily Lam Clément. Pour autant, d’aucuns souhaitent encore des pierres naturelles. «Mon père était chercheur de pierres précieuses, donc nous avons encore un grand stock

Toujours mue par ce désir de réduire son empreinte écologique, Unique Eden a conclu un partenariat avec Aquaverde, une association genevoise qui vient en aide aux peuples surui d’Amazonie. «Elle soutient non seulement des projets de reboisement, mais aide également les populations locales pour un développement durable», indique Emily Lam Clément. A chaque bijou acheté, un arbre est planté sur place.

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